11 oct. 2015
Eloge d'Alain Frontier
Par LettresClassiques le dimanche 11 octobre 2015, 11:29 - Grec - Lien permanent
Alain Frontier publia naguère — en 1976 — un Cours de langue grecque en deux volumes, chez Belin. Or ce manuel complet et progressif est toujours disponible chez Belin. Donc, après avoir initié au grec ancien une toute petite cohorte d'hellénistes de 2011 à 2014 avec l'aide des Exercices Grecs d'Allard et Feuillâtre — et de la photocopieuse —, je me suis décidé cette année à faire acheter le Frontier à mes élèves de seconde.
En effet, le premier livre, que j'ai pu consulter chez Gibert voilà quelques mois m'a séduit au point que je l'ai acheté : organisation rigoureuse et progressive en 30 leçons qui peuvent correspondre aux 30 semaines effectives d'une année de seconde. Chaque leçon est précédé, en général, d'un texte adapté qui introduit les notions abordées. À la grammaire est abordée selon une optique vraiment efficace (pas de « C.O.S. » pour le datif, etc.), s'ajoutent des encadrés philologiques très intéressants, des textes littéraires en nombre et en traduction pour commencer, et un apprentissage progressif du thème et de la version. En particulier, les « Travaux Pratiques » qui consistent souvent à transformer ou à composer des phrases, plus ou moins librement, constituent un atout majeur de cette méthode. D'autre part, on arrive, peu à peu, à la traduction d'authentiques textes littéraires (à partir de la leçon 17, de courts textes de Longus, Lucien, Esope, et même une adaptation de Xénophon : c'est à la fois ambitieux et raisonnable).
Après une année, on a étudié toute la déclinaison des noms et des adjectifs, des pronoms-adjectifs, toute la conjugaison des verbes en -ω. En outre, on peut s'adapter à toutes les modes que suivent les instructions officielles, grâce à la variété des textes proposés, en particulier en traduction. Enfin, last but not least, il s'agit d'un manuel, et donc d'un outil pour l'élève qui peut donc gagner en autonomie, puisqu'il ne dépend plus entièrement du cours proposé par son enseignant, et de ses photocopies : il peut réviser, approfondir et prendre de l'avance facilement.
Passons maintenant à l'expérience. Après six semaines de cours, je suis assez enthousiaste ; en effet, je craignais un peu les premières leçons, parce que la progression ne va pas déclinaison par déclinaison, mais cas par cas : après la leçon 1, qui initie à l'alphabet, la leçon 2 porte sur le nominatif singulier, la troisième sur le nominatif pluriel et le vocatif, la quatrième sur l'accusatif, etc. Eh bien, cela marche, pour l'instant, très bien. J'ai le temps de poser peu à peu tout ce qui est nécessaire à nos élèves (apprentissage progressif et réel de l'écriture et de l'alphabet, utilisation d'un lexique, et donc d'un dictionnaire, délimitation du radical et de la désinence, analyse grammaticale...) Le cours est très apaisant : même si c'est difficile, les élèves ont le sentiment de progresser, et peuvent être félicitées pour leurs progrès, obtenir de très bonnes notes méritées. Touchons du bois pour la rentrée, où nous aborderons la leçon intitulée « La première déclinaison » ! Mais j'ai confiance : je vois bien que les bases sont correctement posées.
Commentaires
Voilà un éloge bien flatteur, et qui , surtout, montre qu'il existe encore des professeurs qui défendent les études grecques ! Elles en ont besoin. Dommage que ce texte soit anonyme : j'aurais eu plaisir à remercier son auteur.
Une coquille s'est glissée dans ce texte fort intéressant : "je craignais un peu les premières leçons leçons"
Cher Niko, Alain Frontier fut mon maître de grec et mon théios anèr au Lycée Arago, Paris 12ème, de la seconde à la terminale. Outre sa géniale méthode, ainsi que sa grammaire française littéraire, il est poète et membre de comité de lectures avisé, et jadis responsable de la Revue de Pataphysique fondée par Jarry. À Frontier (qui nous disait, mon nom veut dire "qui se soucie"phrontízdō) la Patrie des Lettres Reconnaissante! En outre, il joue fort bien de la flûte traversière...