Conclure une explication de texte

Chers élèves de 1re,

une élève me dit qu’elle ne sait pas trop comment faire pour conclure convenablement ses explications de texte. C’est vrai que ce n’est pas si facile. En effet, au moment d’arriver à la conclusion, on a l’impression d’avoir tout dit, et on peut se demander ce qu’on peut ajouter d’intelligent — surtout qu’il faut respecter la règle d’or de la conclusion :

  • N’ajoutez pas de nouvelles idées, de nouveaux arguments, de nouvelles analyses dans la conclusion : tout cela doit être fait dans le développement !

Alors que doit-on faire dans la conclusion ? Tout simplement reprendre les conclusions partielles, et les articuler. Qu’est-ce que cela veut dire, les articuler ? Disons qu’on peut le faire passablement en se contentant de les répéter, en les ajoutant les unes aux autres. Dans ce cas, on les répète ou on les paraphrase l’une après l’autre, en les séparant par exemple avec des points-virgules. On peut éventuellement, en les associant, mettre davantage en évidence ce qui les relie, ce qui les oppose: pourquoi elles sont cohérentes entre elles. Cela peut être des mots de liaison — mais surtout ne les choisissez pas au petit bonheur la chance: placer un mot de liaison de façon illogique est bien pire que de n’en pas placer du tout ! Cela peut très bien aussi une phrase ou une proposition qui explicite le lien qui existe entre deux conclusions partielles. Pour vérifier que l’ensemble de votre devoir est parfaitement cohérent, essayez de respecter la règle d’argent de la conclusion :

  • Veillez à ce que la conclusion soit effectivement une réponse à la question, ou aux questions que vous posiez à la fin de l’introduction.

Pensez aussi que cette réponse n’a pas besoin d’être simpliste: il est généralement plus intéressant de proposer une réponse complexe et nuancée à la question posée ! Pour finir, j’en viens au problème de « l’ouverture » dans la conclusion. A titre personnel, je trouve cela tout à fait absurde : une conclusion conclut. Ce qui signifie qu’elle clôt complètement ! Donc elle n’ouvre pas. Il ne s’agit pas d’être obtus : l’esprit d’ouverture se manifeste bien davantage dans la complexité et la richesse de la réponse à la question posée. Évoquer d’autres textes qu’on peut rapprocher du texte étudié est bien sûr très intéressant ; mais cela doit se faire de façon précise, dans le cours de l’explication, et non à travers une remarque allusive qui tombe comme un cheveu sur la soupe à la fin du devoir. On a souvent l’impression que, comme on n’avait pas grand-chose d’intéressant à dire sur le sujet, on se dit qu’il vaut mieux détourner la conversation et parler d’autre chose.Cela dit, puisque aujourd’hui à peu près la moitié des professeurs et des manuels transmettent cette marotte, je ne sanctionne jamais ce qui sonne toujours à mes oreilles comme une bizarrerie, et même remonte un peu une mauvaise ou une médiocre note : on ne saurait reprocher à un élève de manifester un peu de culture.

Bien cordialement,

Votre professeur de Lettres

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  1. Pour mieux comprendre de quoi il s’agit, je reprends ce que j’ai proposé pour « Le Lac » de Lamartine :

    Pour conclure, on peut retenir de notre lecture que « Le lac » est une évocation touchante et apaisante de la femme aimée, parce qu’il propose un moyen d’échapper au temps qui échappe, en confiant le souvenir du bonheur passé à la nature poétisée. Autrement dit, « Le lac » n’est pas seulement un poème sur la fuite du temps : c’est un poème qui dit comment arrêter le temps.
    La conclusion partielle de ma première partie était : « Le début du poème constitue une évocation touchante d’un souvenir amoureux parce que Lamartine y rend présente l’absente à travers la vie de la nature. » Celle de ma seconde partie était : « Le discours de la bien-aimée, au milieu du poème, qui évoque un élan perdu vers le bonheur, n’est pas qu’une plainte, puisqu’il cherche à s’arrêter sur le bonheur, mais encore sa tonalité désespérée est renversée par le fait qu’il ne clôt pas le poème. » Celle de ma troisième partie était : « En inscrivant l’amour dans la nature, « Le lac » permet d’échapper au désespoir face à la fuite du temps, grâce à l’aide de la nature et des pouvoirs de la poésie : c’est un poème de douceur parce qu’il permet de sortir du temps et de sa fuite, qui n’est plus inexorable. »
    On peut voir qu’ici, j’ai considérablement simplifié et synthétisé mes conclusions partielles ; mais il s’agit bien d’une reprise de celles-ci. Enfin, je crois pouvoir affirmer, à la relecture, que cette conclusion répond à la question que je m’étais posée : « Pourquoi la façon dont Lamartine associe les thèmes de l’amour, du temps et de la nature est particulièrement émouvante et intéressante ? »

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